Une nouvelle étude publiée dans la revue Science Translational Medicine met en lumière des avancées significatives dans la compréhension de la maladie de Niemann-Pick de type C (NPC), une pathologie neurodégénérative rare souvent associée à la démence précoce. Menée par des chercheurs du DZNE (Centre allemand pour les maladies neurodégénératives) et de l’hôpital universitaire LMU de Munich, cette étude offre des perspectives sur les mécanismes de la maladie et propose un biomarqueur innovant pour son suivi et son traitement.
NPC : une maladie rare mais dévastatrice
Contrairement aux formes de démence liées au vieillissement, la maladie de Niemann-Pick de type C peut apparaître dès l’enfance et entraîner une mort prématurée avant l’âge de 30 ans. En Allemagne, environ 150 personnes sont atteintes de cette pathologie, causée par des mutations génétiques affectant le métabolisme des lipides. Ces anomalies génétiques entraînent une accumulation de graisses nocives dans le cerveau et d’autres organes, provoquant des troubles moteurs, des symptômes psychiatriques graves et, dans de nombreux cas, une démence.
Le rôle clé de la neuroinflammation
L’étude révèle que la neuroinflammation, déclenchée par l’activation de la microglie (cellules immunitaires du cerveau), joue un rôle central dans la progression de la maladie. « Nous avons démontré que la microglie contribue activement à la pathologie des cellules neuronales en déclenchant une réponse inflammatoire nocive dans le cerveau », explique le Dr Sabina Tahirovic, neuroscientifique au DZNE.
Cette inflammation s’inscrit dans une cascade pathologique impliquant d’autres cellules cérébrales et aboutissant à des lésions neuronales. Les résultats soulignent ainsi la nécessité de combiner les traitements actuels visant à réduire l’accumulation de lipides avec des stratégies d’immunomodulation pour limiter l’impact de l’inflammation.
Un biomarqueur pour suivre la maladie : le TSPO
L’un des points marquants de cette recherche est l’identification du TSPO (protéine translocatrice) comme biomarqueur potentiel pour le suivi de la maladie. Présente dans les mitochondries, le “centre énergétique” des cellules, cette molécule reflète l’activité de la microglie. Sa concentration accrue dans le cerveau des patients atteints de NPC peut être visualisée grâce à la tomographie par émission de positons (TEP).
Selon le Pr Matthias Brendel, expert en neuroimagerie, cette méthode est prometteuse non seulement pour évaluer la progression de la maladie, mais également pour mesurer la réponse des patients aux traitements, tels que le N-acétyl-L-leucine, récemment approuvé pour soulager les symptômes du NPC.
Vers de nouvelles approches thérapeutiques
Bien que la TEP représente une option avancée pour les centres spécialisés, les chercheurs explorent également des alternatives moins complexes. Par exemple, certaines cellules sanguines, comme les macrophages, présentent des caractéristiques similaires à la microglie et pourraient fournir des indications sur le TSPO via des analyses sanguines.
« Nos découvertes ouvrent la voie à une meilleure compréhension des mécanismes fondamentaux du NPC, tout en offrant des solutions pratiques pour améliorer la prise en charge des patients », conclut le Dr Tahirovic.
Un espoir pour les patients atteints de NPC
Cette étude marque une avancée significative dans la recherche sur la maladie de Niemann-Pick de type C. En combinant des stratégies de réduction des lipides et d’immunomodulation, tout en intégrant le TSPO comme outil de suivi, les scientifiques espèrent développer des thérapies plus efficaces pour cette maladie dévastatrice. Pour les patients et leurs familles, ces résultats représentent un nouvel espoir face à une pathologie longtemps restée incomprise.
Nouhad Ourebzani