Une nouvelle lueur d’espoir dans la lutte contre Alzheimer : un médicament expérimental redonne de l’énergie au cerveau

Le cerveau, cet organe insatiable en énergie, se trouve gravement affaibli par le vieillissement et la maladie d’Alzheimer. Cependant, une avancée récente pourrait changer la donne. Un médicament expérimental, initialement conçu pour lutter contre le cancer, a révélé des effets inattendus sur le cerveau de souris atteintes d’Alzheimer, ravivant leur capacité à apprendre et à se souvenir. Cette découverte, publiée dans la prestigieuse revue Science, laisse entrevoir la possibilité de renverser certains symptômes de cette maladie dévastatrice chez l’homme.

Contrairement aux traitements actuels, qui se concentrent sur l’élimination des plaques amyloïdes dans le cerveau sans améliorer la cognition, ce nouveau médicament agit en stimulant le métabolisme cérébral.

L’origine de cette recherche remonte à une expérience en laboratoire qui a pris une tournure inattendue. L’équipe de Stanford, sous la direction du Dr Katrin Andreasson, étudiait une enzyme clé du métabolisme cellulaire, l’IDO1. Ils soupçonnaient que cette enzyme dysfonctionnait dans le cadre de la maladie d’Alzheimer, entravant la capacité du cerveau à convertir les nutriments en énergie. Pour tester leur hypothèse, les chercheurs ont génétiquement éliminé l’IDO1 chez des souris développant une forme d’Alzheimer, s’attendant à une aggravation du métabolisme cérébral.

Mais contre toute attente, les souris sans IDO1 se sont révélées plus efficaces dans la transformation du glucose en énergie, ne manifestant pas la perte de mémoire typique de la maladie. « C’était un sauvetage tellement profond que nous avons dû revoir nos hypothèses », explique Andreasson. L’élimination de l’IDO1 a en effet réactivé les astrocytes, des cellules du cerveau habituellement endormies par la présence des plaques amyloïdes, leur permettant à nouveau de fournir de l’énergie aux neurones.

Pour vérifier cette découverte, l’équipe a administré un médicament expérimental contre le cancer, capable de bloquer l’IDO1, à des souris atteintes d’Alzheimer. Les résultats ont été stupéfiants : les souris traitées ont retrouvé des capacités d’apprentissage et de mémoire comparables à celles d’animaux en bonne santé. Dans l’hippocampe, une région cruciale pour la mémoire, le métabolisme normal du glucose a été restauré, malgré la persistance des plaques amyloïdes.

Ces résultats ont été corroborés par des tests sur des cellules humaines d’astrocytes et de neurones provenant de patients atteints d’Alzheimer, où le médicament a également rétabli une fonction normale. Ces expériences suggèrent que la maladie d’Alzheimer implique bien plus que la simple accumulation de plaques amyloïdes et que les changements métaboliques dans le cerveau, bien que délétères, pourraient être réversibles.

« Cette découverte remet en question le paradigme actuel selon lequel seuls les neurones sont à la base de la maladie d’Alzheimer », explique Macauley. Elle compare le cerveau à une ruche où les neurones jouent le rôle de la reine, tandis que les astrocytes, telles des abeilles ouvrières, assurent le bon fonctionnement de l’ensemble. Lorsque ces cellules auxiliaires sont accablées par la maladie, c’est tout l’équilibre du cerveau qui est menacé.

L’approche métabolique pourrait un jour compléter les traitements actuels en restaurant non seulement la mémoire et la réflexion, mais aussi en améliorant le fonctionnement global du cerveau. Toutefois, avant d’envisager une application clinique, ces résultats prometteurs devront être validés par des essais sur l’homme.

Alors que la recherche continue, ce nouvel espoir pourrait bien marquer une avancée décisive dans la lutte contre la maladie d’Alzheimer, offrant une perspective inédite aux millions de personnes touchées par cette pathologie dans le monde.

Nouhad Ourebzani

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