Dans un monde où une personne sur trois n’a toujours pas accès à l’eau potable, une innovation pourrait bien changer la donne : la création d’eau à partir de l’air ambiant. Cette technologie, mise en lumière par les experts de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud (UNSW), pourrait représenter un outil clé pour répondre aux besoins en eau de millions de personnes à travers le globe.
Lors d’un épisode du podcast Engineering the Future de l’UNSW, la professeure associée Kristen Splinter, directrice générale du laboratoire de recherche sur l’eau de l’université, et Daniel Lambert, ancien ingénieur civil de l’année, ont exposé le potentiel révolutionnaire de cette méthode. « La production d’eau atmosphérique est particulièrement prometteuse dans le domaine des innovations hydriques. Bien que sa viabilité commerciale à grande échelle soit encore en phase de démonstration, elle pourrait apporter une solution aux communautés qui manquent cruellement d’eau douce », a déclaré Lambert, également PDG de la société Legacie, spécialisée dans les infrastructures hydrauliques.
Ce procédé repose sur différentes techniques, allant de la collecte du brouillard à l’utilisation de membranes spécifiques qui captent uniquement la vapeur d’eau. « On peut également recourir à des produits chimiques pour extraire l’eau de l’air, ou encore utiliser la condensation ou la pressurisation de l’air », a expliqué Lambert.
Cette technologie, bien qu’encore en phase de développement, pourrait avoir un impact significatif dans les zones tropicales. Selon un article publié dans la revue Nature, jusqu’à un milliard de personnes vivant dans ces régions pourraient bénéficier d’un accès amélioré à l’eau potable grâce à cette méthode. Toutefois, la professeure Splinter a souligné que cette solution n’est pas universelle, car elle dépend fortement de l’humidité ambiante. Dans les régions arides, cette méthode reste difficilement applicable.
« La condensation est la technique qui semble la plus accessible, mais son efficacité varie selon les environnements. Il s’agit avant tout de trouver la solution la plus adaptée à chaque région », a précisé Splinter.
Au-delà de la question de l’eau potable, les deux experts ont également abordé des sujets connexes, tels que les inondations, l’élévation du niveau de la mer, et la gestion des eaux grises. Lambert a insisté sur l’importance de repenser l’utilisation des eaux usées : « Pourquoi mélangeons-nous des eaux grises, issues de machines à laver, de douches ou de bains, avec les eaux des toilettes, qui nécessitent un traitement plus poussé ? »
Splinter a également pointé du doigt la nécessité d’une meilleure éducation sur la gestion des eaux usées, non seulement à l’échelle centralisée, mais aussi au niveau des communautés et des ménages. « À l’avenir, aurons-nous encore besoin d’usines de traitement centralisées ou pourrons-nous envisager des systèmes en boucle fermée au sein des foyers ou des quartiers ? » s’est-elle interrogée.
Face aux défis hydriques mondiaux, la création d’eau à partir de l’air pourrait bien s’avérer être une partie de la solution, mais elle n’en sera probablement pas l’unique réponse. Les innovations technologiques doivent s’accompagner d’une réflexion approfondie sur la gestion des ressources et une adaptation aux spécificités locales.
Nouhad Ourebzani