La recommandation populaire incitant à boire deux litres d’eau par jour est largement ancrée dans les habitudes de santé. Pourtant, cette règle universelle est aujourd’hui remise en question par des spécialistes, qui appellent à la nuance. Le cardiologue allemand Heribert Brück met en garde contre une application rigide de cette consigne, notamment chez les personnes atteintes de maladies cardiovasculaires ou sous traitement médical. Boire « trop » peut, dans certains cas, se révéler aussi risqué que boire insuffisamment.
Selon le Dr Brück, la quantité idéale d’eau dépend avant tout des besoins individuels. Une personne en bonne santé, vivant dans un climat modéré et ayant une alimentation équilibrée, reçoit déjà une part importante de son apport hydrique par les aliments, notamment les fruits, les légumes et les soupes. Dans ce contexte, un apport quotidien d’environ 1,5 litre de liquide peut suffire, sans qu’il soit nécessaire d’atteindre les deux litres systématiquement.
En revanche, pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque, d’hypertension ou de troubles rénaux, une consommation excessive de liquides peut déséquilibrer l’organisme. Elle peut entraîner des œdèmes, une surcharge circulatoire, voire des complications respiratoires graves. Le cœur affaibli peut peiner à gérer cet afflux, surtout par temps chaud, où les vaisseaux se dilatent et où l’organisme perd davantage d’électrolytes par la transpiration.
Les effets secondaires sont d’autant plus marqués chez les personnes âgées, dont la perception de la soif diminue naturellement. Chez elles, la sous-hydratation est un risque réel, mais l’hyperhydratation peut l’être tout autant, notamment en association avec des médicaments diurétiques ou antihypertenseurs. Le risque est alors double : chute de tension, déséquilibre électrolytique, voire malaise ou confusion.
Des études récentes viennent conforter cette approche individualisée. Des chercheurs japonais ont observé que les besoins hydriques réels de la plupart des adultes se situent entre 1,5 et 1,8 litre par jour, bien en-deçà du seuil symbolique des deux litres. Ces conclusions rejoignent celles de plusieurs organismes de santé publique, qui recommandent d’ajuster la consommation en fonction de l’âge, de l’activité physique, du climat, mais aussi de l’état de santé général.
Ainsi, loin des formules toutes faites, la meilleure approche reste d’écouter son corps. La soif demeure un indicateur fiable pour la majorité des individus. Boire au-delà des besoins réels ne procure pas de bénéfice particulier, et peut parfois nuire. La clé réside dans l’équilibre : ni trop, ni trop peu. Dans le doute, un avis médical demeure la meilleure source de guidance.
Ouiza Lataman