Les œufs, alliés discrets de la longévité chez les seniors : une étude australienne réévalue les risques et les bénéfices

Et s’il était temps de réhabiliter les œufs dans l’alimentation des personnes âgées ? C’est en tout cas ce que suggère une vaste étude australienne publiée dans la revue Nutrients, qui révèle une association significative entre une consommation modérée d’œufs et une réduction du risque de mortalité, en particulier d’origine cardiovasculaire, chez les adultes de 70 ans et plus vivant de manière autonome dans la communauté.

Menée auprès de 8 756 participants dans le cadre de la cohorte ASPREE (Aspirin in Reducing Events in the Elderly), cette étude de suivi s’est étalée sur près de six ans. Les résultats sont clairs : les personnes consommant entre un et six œufs par semaine présentaient un risque de mortalité toutes causes confondues réduit de 15 %, et un risque de mortalité cardiovasculaire diminué de 29 %, par rapport à celles qui en consommaient rarement ou jamais. Ce bénéfice disparaissait en revanche chez les consommateurs quotidiens, sans pour autant suggérer de danger mesurable.

L’analyse révèle également que l’effet protecteur des œufs semble renforcé lorsqu’ils sont consommés dans le cadre d’une alimentation globalement équilibrée. Chez les personnes ayant une qualité nutritionnelle modérée à élevée, le risque de mortalité cardiovasculaire chutait jusqu’à 44 %. Fait intéressant, même les participants présentant des taux de cholestérol élevés ou une hyperlipidémie au début de l’étude semblaient bénéficier de cette consommation modérée, ce qui va à l’encontre d’idées longtemps ancrées dans les recommandations nutritionnelles.

Les auteurs rappellent que les œufs constituent une source dense en nutriments essentiels, particulièrement bénéfiques pour les seniors : protéines de haute qualité, acides gras insaturés, vitamines A, D, E, B12, et choline. Tous ces éléments sont impliqués dans le maintien de la masse musculaire, la santé cognitive et le bon fonctionnement du système cardiovasculaire — autant de préoccupations majeures avec l’avancée en âge.

L’étude présente toutefois certaines limites méthodologiques : la consommation d’œufs était auto-déclarée, sans distinction entre les modes de cuisson ni prise en compte des portions précises. De plus, la proportion de participants consommant des œufs quotidiennement était relativement faible, ce qui limite l’interprétation des résultats pour ce sous-groupe.

Malgré cela, la cohérence des données observées, y compris à travers des analyses de sensibilité, renforce la pertinence des conclusions. À l’heure où la place des œufs dans l’alimentation fait toujours débat, cette recherche vient nourrir une réflexion plus nuancée, loin des recommandations uniformes.

En somme, chez les personnes âgées en bonne santé, une consommation régulière mais modérée d’œufs pourrait constituer un levier nutritionnel simple, accessible et potentiellement protecteur. Elle appelle surtout à adapter les conseils alimentaires aux besoins spécifiques des seniors, en privilégiant l’équilibre et la qualité globale de l’alimentation plutôt que des restrictions généralisées fondées sur des données dépassées.

Nouhad Ourebzani

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