Le lait, apprécié dans le café du matin ou dégusté seul, est une boisson essentielle pour de nombreuses cultures, reconnu pour ses bienfaits nutritionnels. Riche en protéines, calcium, et vitamines, il reste un pilier de l’alimentation quotidienne. Cependant, une étude récente menée par des chercheurs de l’Université d’Uppsala en Suède vient remettre en question la consommation élevée de lait, suggérant un risque accru de maladies cardiaques pour les femmes grandes consommatrices de lait.
Cette étude, publiée dans la revue BMC Medicine le 8 novembre, s’appuie sur des données collectées auprès de 59 998 femmes et 40 777 hommes suivis pendant 33 ans. Les chercheurs ont analysé les habitudes alimentaires, les comportements de santé, et les données biologiques des participants, vérifiant régulièrement leur état de santé et leurs habitudes de consommation, y compris la quantité de lait – fermenté ou non – qu’ils consommaient quotidiennement. Parmi les facteurs analysés, les chercheurs ont également pris en compte la consommation d’alcool, le tabagisme, et d’autres indicateurs de santé. Les résultats révèlent un lien troublant : les femmes qui consomment de grandes quantités de lait quotidiennement semblent présenter un risque plus élevé de maladies cardiaques.
Au cours des trois décennies de suivi, les chercheurs ont observé 17 896 cas de maladie coronarienne et 10 714 crises cardiaques. Pour les femmes, la consommation de 300 millilitres de lait par jour – environ un grand verre – était associée à un risque accru de maladies cardiaques, indépendamment de la teneur en matières grasses du lait. L’étude indique que le risque augmente avec la quantité consommée :
• 300 ml par jour – risque accru par rapport à celles qui en consomment 100 ml.
• 400 ml par jour – augmentation du risque de 5 %.
• 600 ml par jour – augmentation du risque de 12 %.
• 800 ml par jour – augmentation du risque de 21 %.
Cependant, cette tendance n’a pas été observée chez les hommes. Les chercheurs avancent que des différences métaboliques pourraient expliquer cette disparité, bien que la recherche n’établisse pas de relation de causalité formelle entre la consommation de lait et les maladies cardiaques. Par ailleurs, les produits laitiers fermentés, comme le yaourt et le kéfir, ne semblent pas avoir d’impact négatif sur la santé cardiaque.
Ces résultats soulèvent des questions sur la quantité optimale de lait à consommer. Matthias Schulze, de l’Institut allemand de recherche nutritionnelle, commente que, bien qu’il soit impossible d’exclure un risque accru pour les femmes consommant de grandes quantités de lait, les résultats de l’étude d’Uppsala contredisent d’autres recherches qui suggèrent que le lait pourrait réduire le risque d’hypertension artérielle et d’accidents vasculaires cérébraux. Selon Esther López-García, professeure de médecine préventive à l’Université autonome de Madrid, cette étude pourrait refléter une spécificité liée à la Suède, où la consommation de lait est particulièrement élevée.
Pour les experts, la modération reste la clé. En attendant, pour celles et ceux soucieux de leur santé cardiaque, des alternatives alimentaires existent et peuvent contribuer à réduire le risque de crises cardiaques.
Nouhad Ourebzani