Vieillir n’est pas seulement une affaire de rides ou de douleurs articulaires. C’est un processus biologique inscrit au plus profond de nos cellules, mesurable par des marqueurs appelés « horloges épigénétiques ». Et c’est précisément sur ce terrain que des chercheurs européens viennent de livrer une découverte aux implications prometteuses : l’association de la vitamine D, des oméga-3 et de l’activité physique pourrait ralentir significativement le vieillissement biologique chez les personnes âgées.
L’étude, publiée dans la revue Nature Aging, s’inscrit dans le cadre du vaste essai clinique européen DO-HEALTH, qui a suivi pendant trois ans plus de 2 000 seniors en bonne santé à travers cinq pays. L’objectif : tester les effets conjoints ou séparés de trois interventions simples – supplémentation quotidienne en vitamine D, acides gras oméga-3, et un programme d’exercices légers – sur divers indicateurs de santé, dont les fameuses horloges épigénétiques, capables d’estimer l’âge biologique en analysant les modifications du génome sans altérer l’ADN lui-même.
Les résultats, pour la première fois, établissent un lien direct entre ces interventions et un ralentissement mesurable de l’âge biologique. Les participants ayant bénéficié de la combinaison des trois interventions ont vu leur horloge biologique ralentir de manière significative, comparativement à ceux n’ayant reçu aucune des interventions ou une seule. En d’autres termes, leur organisme semblait plus jeune qu’il ne l’était chronologiquement. Une première dans le champ de la gérontologie préventive.
Les scientifiques soulignent que l’effet est modeste – on ne gagne pas dix ans de jeunesse en avalant une capsule – mais statistiquement significatif et biologiquement pertinent. Il ne s’agit pas de repousser l’inévitable, mais d’en adoucir la pente, de retarder l’apparition des maladies liées à l’âge et d’augmenter les années de vie en bonne santé. Et c’est là que réside l’intérêt majeur de ces résultats : proposer une stratégie simple, peu coûteuse et sans effets secondaires graves, pour mieux vieillir.
À l’heure où les thérapies anti-âge se multiplient et s’enrobent de promesses parfois farfelues, cette étude remet les choses en perspective : trois gestes quotidiens – s’exposer raisonnablement au soleil ou prendre un complément de vitamine D, consommer des oméga-3, et bouger régulièrement – suffisent peut-être à infléchir la courbe du temps, non sur le visage, mais au cœur même de nos cellules.
Ouiza Lataman