Interview exclusive du ministre de la Santé, le Pr Benbouzid à Esseha : « Ouverture ce mois de juillet de l’hôpital d’oncopédiatrie à BEO »
Dans une interview accordée à Esseha.dz, à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire de l’indépendance, le ministre de la Santé, le Pr Abderrahmane Benbouzid, est revenu sur les principales réalisations de son secteur et les chantiers engagés pour la réhabilitation du secteur de la santé en Algérie.
Les jalons ont été jetés lors des dernières Assises de la Santé, organisées au début de l’année 2022 dont le plus important est celui relatif au cancer. Pour le Pr Benbouzid, « l’atelier sur le cancer est celui qui intéresse le plus la population algérienne. Beaucoup d’Algériens en souffrent et malheureusement, les deux années écoulées, ont été consacrées à la lutte contre la Covid-19, mais depuis début 2022, nous effectuons un travail accéléré ».
A ce titre, il a annoncé l’ouverture en ce mois de juillet au sein de l’hôpital de BEO, de l’hôpital d’oncopédiatrie. Cette structure d’une capacité de 140 lits comprendra des services de neurochirurgie, de chirurgie pédiatrique, de chirurgie orthopédique, d’hématologie et d’oncologie pédiatrique. « Destiné uniquement à la pathologie du cancer chez l’enfant, cet hôpital est une acquisition très importante pour nous », a-t-il fait savoir et d’ajouter, toujours concernant le volet du cancer qu’ « un guide de traitement des pathologies cancéreuses a été élaboré par les oncologues algériens ».
Le second point nodal abordé par le ministre dans cette interview concerne les EPSP. Le Pr Abderrahmane Benbouzid a indiqué que ces structures équipées et fonctionnelles 24h/24 « redonnent l’importance qui lui revient au médecin référent, au médecin de quartier ou au médecin de famille. Le médecin qui va être la pièce la plus importante dans le circuit de la prise en charge du malade ».
Il a abordé aussi la question de la numérisation des structures sanitaires grâce à l’Agence nationale pour la numérisation du système de santé, estimant que cela permettra une meilleure gestion des dossiers des patients et, par conséquent, une meilleure prise en charge et suivi médical.
Concernant les urgences, « volet très important sur lequel a insisté le président de la République », le ministre a déclaré que toutes les structures des urgences sont en cours de réhabilitation « et nous allons avoir des hôpitaux spécialement consacrés aux urgences médico-chirurgicales, ainsi qu’aux autres urgences comme la thrombolyse, la thrombectomie, les stents pour les affections cardiaques, …etc. Ces structures prévues à Alger, Annaba, Oran et dans d’autres villes vont atténuer la pression sur les hôpitaux et permettront une meilleure prise en charge des malades ».
S’exprimant sans langue de bois, le premier responsable du secteur de la santé, a indiqué que le volet de la contractualisation est également « très important car, pour le moment, nous n’avons pas les outils adéquats pour l’évaluation des activités. Donc la contractualisation est un très gros dossier englobant les ministères du Travail, de la Solidarité, de la Santé et des Finances, qui travailleront ensemble pour la codification et la tarification des actes, pour savoir qui fait quoi. Nous allons budgétiser selon le travail effectué et, pourquoi pas, déterminer la meilleure structure hospitalière en matière de chirurgie, le meilleur service, le meilleur chirurgien… ».
Conscient que cela prendra du temps, le ministre a fait savoir que le processus a déjà été enclenché avec la contractualisation de l’anapath, de la radiologie et de la biologie. « Nous avons des commissions à pied d’œuvre. Le citoyen doit savoir que la réhabilitation de la santé demande beaucoup de temps mais étant sur le terrain, investi de cette mission, jouissant de la confiance du président et je l’espère aussi du citoyen, je ferai tout mon possible pour améliorer les choses et celui qui me succèdera devra lui aussi s’impliquer pleinement pour y parvenir ».
S’attardant encore sur la question de la prise en charge des malades, le ministre a déploré le fait que le citoyen continue de souffrir en dépit de l’existence de compétences, de structures adéquates et de moyens, il a indiqué qu’il faut que « cessent les évacuations intempestives, il faut qu’on puisse définir ceux qui sont véritablement engagés, il faut instaurer des primes et des récompenses, il faut évaluer les activités, il y a beaucoup de choses à faire ». Il a confié, pour cela, compter pleinement sur le soutien et l’engagement de ses collèges et des partenaires sociaux « qui sont des structures de conseil, d’orientation, de négociation et de discussion parce qu’ils sont directement sur le terrain ».
Dernier point soulevé par le Pr Benbouzid, celui relatif aux statuts. Il a précisé, à ce titre, que ce dossier est à l’étude et qu’une commission est à pied d’œuvre pour sa finalisation avant la fin de l’année en cours. « Il y a des demandes qui sont entièrement justifiées mais qui ne relèvent pas que de la santé. Il y a beaucoup de choses à faire mais nous devons agir par ordre de priorité ».
Hassina Amrouni