Pr Madjid Tabti, chef de service de pédopsychiatre à l’hôpital « Mahfoud Boucebci » de Cheraga : « Ce virus a dévoilé le squelette de la population algérienne, impactée sur le plan mental »

Dans un entretien accordé à Esseha.com, le Pr Madjid Tabti a longuement évoqué l’impact du stress lié au confinement prolongé sur la population en général et sur les malades souffrant de pathologies mentales, en particulier.
Selon le Pr Tabti, le confinement prolongé est la cause d’un grand stress chez la population et « plus il est long, constant et continu, plus il aura un impact sur nous ». Et l’arrivée de l’été ne va pas arranger les choses puisque « les gens ne vont peut-être pas aller en vacances, pas profiter de la plage et des sorties, cela ne fera qu’accentuer ce stress », a-t-il affirmé.
Pour le pédopsychiatre, le confinement a engendré chez beaucoup de personnes, notamment les enfants, des troubles du comportement, des addictions, des boulimies… Il suggère pour cela aux parents d’essayer de « maintenir ce stress à un niveau acceptable », tout en admettant que « sur le plan théorique, c’est facile à dire mais sur le plan pratique, c’est autre chose ». Et cette situation complexe est d’autant plus difficile à gérer quand on souffre de maladie mentale.
Là encore, le Pr Tabti a avoué que ces derniers mois, il y a eu résurgence de beaucoup de pathologies, comme « les schizophrénies, les troubles bipolaires, les troubles anxieux, les psycho-traumatismes, les attaques de panique à répétition, ce à quoi viennent s’ajouter les maladies chroniques en décompensations, les diabétiques qui font des états dépressifs, …etc. En fait, cette Covid a dévoilé le squelette de la population algérienne impactée sur le plan mental ».
Selon lui, « les personnes atteintes de maladies psychiatriques, celles qui ont un alzheimer, une démence doivent absolument prendre leurs traitements (…).Ce à quoi nous assistons, ce ne sont que les décompensations aigues, c’est à dire un état anxieux, une attaque de panique mais les problèmes chroniques restent à venir car beaucoup de malades n’ont pas pris leur traitement durant ces 4 ou 5 derniers mois ».
Par ailleurs, le Pr Tabti a expliqué comment le stress, lié au confinement et à cette crainte engendrée par le virus, a eu des répercussions sur la cellule familiale, conduisant même « des adolescents de 12, 13 ou 14 ans à des tentatives de suicide, parce qu’ils sont dans un environnement familial aggravé par la covid » et d’ajouter : « nous vivons dans une situation de guerre, nous vivons une situation de guerre biologique et ce virus est en train de vivre avec nous, alors nous devons nous entraider ».
Aussi, il a réitéré son appel à la population pour rester vigilante car rien n’est encore terminé : « Ce n’est pas parce qu’il y a eu déconfinement qu’il n’y a plus de risque. Le virus est là, portez vos bavettes, gardez vos distances, c’est la période la plus difficile car ce virus peut nous avoir par excès de confiance. Tant que le comité scientifique ne nous a pas dit que le virus n’est plus un danger pour nous, nous devons rester vigilants ». « Chacun doit prendre ses responsabilités », a-t-il dit, s’adressant aux médecins, malades et population « c’est vrai que c’est difficile mais on doit vivre avec ce virus (…). Il est encore là, on ne sait pas jusqu’à quand. La Chine qui croyait en avoir fini avec a enregistré d’autres nouveaux cas donc il faut laisser les médecins, les spécialistes du domaine nous dire ce qu’il faut faire ».
Hassina Amrouni

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