Sommeil, heure du prélèvement, exercice : ces facteurs oubliés qui faussent nos analyses cardiaques

Et si nos prises de sang ne disaient pas toujours la vérité sur notre santé cardiovasculaire ? Une étude suédoise récemment publiée dans Biomarker Research remet en question la fiabilité de nombreux biomarqueurs sanguins en soulignant l’impact décisif de trois variables souvent négligées : la durée du sommeil, le moment du prélèvement et l’activité physique.

Menée sur un groupe de jeunes hommes en bonne santé, l’étude a montré qu’un simple déficit de sommeil – trois nuits à moins de cinq heures – suffit à bouleverser les niveaux de plusieurs protéines sanguines liées au risque cardiovasculaire. Certaines d’entre elles, comme les interleukines pro-inflammatoires, s’enflamment littéralement dans le sang, imitant les signaux biologiques typiques de pathologies graves comme l’insuffisance cardiaque ou la fibrillation auriculaire.

Mais ce n’est pas tout : les chercheurs ont également démontré que l’heure à laquelle la prise de sang est effectuée joue un rôle déterminant. À jeun le matin ou après une journée active, les profils biologiques ne sont pas les mêmes – et les différences s’accentuent encore lorsque le sommeil est perturbé. Résultat : deux analyses faites à quelques heures d’intervalle pourraient suggérer un état de santé très différent.

Quant à l’exercice physique, il agit comme un révélateur : après une bonne nuit de repos, il stimule de nombreux marqueurs favorables à la santé cardiovasculaire. Mais chez les sujets privés de sommeil, cette réponse bénéfique est affaiblie, voire annulée pour certains marqueurs. Le corps, épuisé, réagit moins bien à l’effort, et cela se voit dans le sang.

Cette étude pointe ainsi un angle mort de la médecine de précision : les biomarqueurs, aussi sophistiqués soient-ils, n’ont de valeur que s’ils sont interprétés dans le bon contexte. Dormir peu, faire du sport juste avant un test ou ne pas tenir compte de l’heure peuvent suffire à biaiser un diagnostic.

Les auteurs appellent les professionnels de santé à intégrer ces facteurs dans leurs protocoles cliniques. Et pour le grand public, le message est clair : avant de juger votre cœur sur une simple analyse, assurez-vous d’avoir bien dormi.

Ouiza Lataman

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