Selon une évaluation récente de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pipeline mondial d’antibiotiques est gravement insuffisant face à la résistance croissante aux antibiotiques. Le rapport, publié en juin, a analysé les médicaments antimicrobiens en développement clinique mondial de 2017 à 2023, ainsi que les produits « non traditionnels » tels que les vaccins, les bactériophages et les anticorps.
Les résultats mettent en lumière la nécessité d’innover et d’investir davantage dans les médicaments pour lutter contre les pathogènes résistants. Les antibiotiques, essentiels à la médecine moderne, sont de plus en plus inefficaces face aux bactéries résistantes. Même les infections courantes deviennent difficiles, voire impossibles à traiter.
Dr Yukiko Nakatani, sous-directrice générale par intérim de l’OMS chargée de la résistance aux antimicrobiens, a déclaré : « La résistance aux antimicrobiens ne fait qu’empirer, mais nous ne développons pas assez rapidement de nouveaux produits révolutionnaires pour combattre les bactéries les plus dangereuses et les plus mortelles. »
Conclusions principales de l’évaluation de l’OMS
– Parmi les 97 produits en développement clinique, la majorité a un potentiel limité pour répondre aux menaces critiques de la résistance aux antibiotiques.
– Seuls quatre médicaments en développement sont innovants et capables de traiter au moins un pathogène critique.
– Le pipeline manque de médicaments pour les enfants, de formulations orales pour les traitements ambulatoires et d’antibiotiques contre les bactéries résistantes.
– Les petites entreprises et les sociétés de biotechnologie développent 93 % des antibiotiques en cours.
Le rapport souligne l’impact de la résistance croissante sur la santé publique, avec une augmentation de 15 % des infections sanguines causées par des bactéries résistantes telles que E. coli, Salmonella et Neisseria gonorrhoeae depuis 2017.
Le marché des antibiotiques est en crise. Le développement de nouveaux antibiotiques est coûteux, avec un faible retour sur investissement. Les grandes sociétés pharmaceutiques se détournent de ce domaine, laissant les petites entreprises et les biotechnologies, souvent sans ressources suffisantes, porter le fardeau.
Tinhinane B