Women’s Heart Forum: Mobilisation des femmes cardiologues contre la première cause de mortalité féminine

Elles étaient plus de 150, réunies dans un même élan de solidarité, d’expertise et de mobilisation : des femmes cardiologues venues d’Algérie et d’ailleurs, réunies lors du Women’s Heart Forum organisé par El Kendi Industrie du Médicament. Leur mission ? Faire entendre une vérité encore trop ignorée : les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez la femme, aussi bien dans le monde qu’en Algérie.
Au cœur des échanges, des problématiques de santé publique encore trop peu abordées : l’impact de l’hypertension artérielle pendant la grossesse, les troubles du rythme cardiaque féminin ou encore l’évaluation du risque cardiovasculaire spécifique à la femme. Autant de sujets qui exigent une approche spécifique de la médecine.
Pour Nezha Boudaoud, BU Manager des Laboratoire El Kendi, ce forum s’inscrit dans une volonté forte de sensibilisation. Au micro d’Esseha, elle a affirmé que « ce séminaire est dédié aux patientes algériennes. Nous mobilisons les professionnels de la santé, notamment les cardiologues, pour alerter sur les maladies cardiovasculaires et améliorer la prise en charge du risque cardiovasculaire chez la femme ». Elle a également souligné que « cet engagement s’inscrit dans une politique de formation médicale continue portée par El Kendi au service du patient algérien ».
L’événement a aussi l’occasion de rendre hommage à une pionnière : le Pr Djazia Amellal-Ziari, première cardiologue femme algérienne, africaine et maghrébine. Très émue, elle a confié à Esseha : « Revoir toutes ces anciennes étudiantes, devenues aujourd’hui des cardiologues reconnues, c’est une grande fierté et un sentiment du devoir accompli. La médecine est une vocation, mais aussi un devoir de transmission ». Elle a tenu à rappeler que »la médecine exige une part de soi, une compassion authentique. Le malade ne vient pas à l’hôpital par plaisir, il faut lui accorder du respect et ne jamais trahir la confiance qu’il place en nous ».
Intervenant sur le même canal, le Pr Rahima Rayane Aouf, cardiologue à Annaba, a tiré la sonnette d’alarme sur un mal trop souvent négligé : « La cardiopathie ischémique est la première cause de décès chez la femme, mais elle sous-diagnostiquée et mal prise en charge ». Elle a précisé que « les femmes cumulent des facteurs de risques classiques comme l’HTA, obésité, sédentarité, cholestérol élevé et usage du tabac, notamment chez les jeunes », et ceux spécifiques à leur sexe, comme « la ménopause, la contraception ou les complications liées à la grossesse auxquels s’ajoutent les facteurs psycho-sociaux. Tous ces facteurs de risques cardiovasculaires participent à l’émergence de la coronoropathie chez la femme ». Elle a donc livré un message clair : « Il faut écouter les femmes, même lorsqu’elles expriment de petites douleurs, apparemment anodines. Une prise en charge rapide peut sauver des vies ».
De son côté, le Pr Rosa Maria Bruno, pharmacologue à l’Université de Paris et spécialiste de l’hypertension, a rappelé les risques encourus pendant la grossesse : « L’hypertension gestationnelle, c’est une des causes principales de mortalité maternelle, c’est aussi un facteur qui entraine un risque cardiovasculaire sur le long terme chez la maman. Il est donc à ne pas négliger ». Elle insiste : « Pendant et même après la grossesse, la maman pense beaucoup plus à l’enfant or, elle doit prendre soin d’elle-même et prendre aussi en charge son risque cardiovasculaire parce que le fait d’avoir eu hypertension gestationnelle ou, pire une pré-éclampsie, entraîne une modification structurelle et fonctionnelle vasculaire qui reste chez la maman même après l’accouchement ».
« Un suivi rigoureux durant la grossesse et au-delà est crucial pour prévenir les complications futures », prévient-elle.
Hassina Amrouni

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