Biosimilaires, régulation et souveraineté pharmaceutique au cœur des débats

18e Conférence nationale de la pharmacie

En marge de la 18e Conférence nationale de la pharmacie, organisée par le Syndicat national des pharmaciens d’Officine (SNAPO), plusieurs experts ont pris la parole pour aborder les enjeux actuels de la profession. Le Pr Ali Mahdi Haddam, chef du service de diabétologie au CHU Beni Messous, est notamment intervenu lors d’un atelier consacré aux biosimilaires en Algérie.
Au micro d’Esseha, il a tenu à rappeler les différences fondamentales entre génériques et biosimilaires : « Un générique est un médicament chimique, tandis qu’un biosimilaire est issu d’un être vivant, produit par génie génétique. C’est beaucoup plus complexe, plus sensible, et nécessite des moyens technologiques et financiers considérables ».
Selon lui, l’intérêt des biosimilaires est double, à la fois sanitaire et économique. Il cite l’exemple de l’insuline, médicament stratégique dont les ruptures d’approvisionnement peuvent avoir des conséquences graves : « Avoir plusieurs sources d’approvisionnement en insuline, notamment via des biosimilaires, est un enjeu de sécurité nationale pour un pays comme l’Algérie, où le diabète est très répandu », a-t-il noté. Sur le plan économique, les biosimilaires représentent une alternative avantageuse. Selon le Pr Haddam : « Le coût d’un biosimilaire est de 20 à 30 % inférieur à celui du médicament de référence. C’est un gain considérable pour la CNAS et les autorités ».
De son côté, le Dr Noureddine Mettioui, président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), a animé une conférence autour de la responsabilité du pharmacien d’officine et des contraintes réglementaires. Il a insisté sur l’importance d’un exercice encadré et éthique : « Le pharmacien est soumis à un cadre légal strict. Il doit respecter des règles précises dans la dispensation du médicament, analyser chaque prescription et alerter en cas de contre-indication. Il peut refuser une ordonnance s’il détecte une interaction médicamenteuse. C’est son rôle, et c’est aussi une garantie pour la santé publique », a-t-il indiqué, plaidant, par ailleurs pour une évolution du rôle du pharmacien : « Le pharmacien ne doit pas être réduit à un simple distributeur de médicaments. Il doit pouvoir accéder à d’autres services de santé, se former continuellement, intégrer des outils numériques et l’intelligence artificielle ».
Il appelle également à la mise en œuvre des textes d’application de l’article 179 de la loi 18/11, qui prévoit un élargissement des prérogatives des pharmaciens : « Ces textes sont toujours en attente. Pourtant, ils permettraient aux pharmaciens de jouer un rôle plus large dans le système de santé ». Enfin, Dr Mettioui a souligné les avancées de l’Algérie dans la production pharmaceutique : « Nous avons atteint un taux d’autosuffisance de 76,5 %. Aujourd’hui, le défi, c’est l’exportation, notamment vers l’Afrique. Le CNOP travaille à promouvoir notre industrie pharmaceutique au-delà de nos frontières », a-t-il précisé.
L’Algérie sera, d’ailleurs, représentée au prochain Forum pharmaceutique international en Tunisie, où plusieurs laboratoires nationaux présenteront leur savoir-faire. Une manière de rappeler que le secteur pharmaceutique algérien se positionne désormais comme un acteur régional à part entière.
Hassina Amrouni

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