Contraception hormonale et cancer du sein : une étude danoise soulève des inquiétudes

Une récente étude menée par le Centre de recherche sur le cancer de la Société danoise du cancer établit un lien entre l’utilisation des dispositifs intra-utérins (DIU) hormonaux et une augmentation du risque de cancer du sein. Bien que l’utilisation de la contraception hormonale soit courante chez les femmes cherchant une méthode efficace et à long terme, cette nouvelle recherche incite à une réflexion plus approfondie sur les risques qu’elle pourrait présenter. Les résultats de cette étude, publiés et évalués par des pairs, pourraient bien modifier les recommandations actuelles en matière de contraception.

Le DIU hormonal et le cancer du sein : des chiffres révélateurs

Selon l’étude, sur un groupe de 10 000 femmes portant un DIU hormonal pendant cinq ans, 14 femmes de plus développeraient un cancer du sein par rapport à un groupe équivalent de femmes n’ayant pas utilisé de contraception hormonale. Ce chiffre, bien que relativement faible, ne peut être ignoré. « Nous devons désormais considérer le cancer du sein comme un effet secondaire potentiel de la spirale hormonale », explique Lina Mørch, chercheuse principale à la Société danoise du cancer et co-auteure de l’étude.

Toutefois, les chercheurs soulignent que cette étude ne prouve pas une relation directe de cause à effet entre l’utilisation du DIU hormonal et le cancer du sein. Ils ont pris en compte plusieurs autres facteurs, tels que le tabagisme, l’obésité et l’utilisation de pilules contraceptives, qui pourraient influencer les résultats. Cela dit, les données laissent entendre que le DIU hormonal pourrait augmenter la probabilité de développer la maladie, ce qui invite à la prudence.

Vers un changement des recommandations médicales ?

Pour Ellen Løkkegaard, médecin-chef à l’hôpital Nordsjællands et présidente du collège des professeurs de la Société danoise de gynécologie et d’obstétrique, ces résultats représentent « une information importante ». Elle suggère que cette nouvelle étude pourrait entraîner une révision des recommandations pour l’utilisation des DIU hormonaux, en particulier en faveur de dispositifs à doses plus faibles.

« Il est possible que nous devions ajuster les recommandations afin que les femmes commencent à utiliser un DIU avec une dose hormonale inférieure », précise-t-elle. Cette suggestion reflète une prise de conscience croissante parmi les professionnels de santé que la dose hormonale administrée par les dispositifs contraceptifs doit être scrutée de près, notamment lorsque leur utilisation s’étend sur plusieurs années.

Contraception hormonale : quels sont les risques pour la santé ?

Lina Mørch invite également les femmes à reconsidérer l’utilisation de la contraception hormonale dans son ensemble. Selon elle, ces méthodes augmentent le risque non seulement de cancer du sein, mais aussi de caillots sanguins et de dépression. Bien que ces effets secondaires, tels que les caillots ou la dépression, apparaissent généralement peu après le début de l’utilisation de contraceptifs hormonaux, le risque de cancer du sein, lui, semble se manifester plus tardivement.

Chez les femmes jeunes, le risque de développer un cancer du sein en lien avec l’utilisation de DIU hormonaux reste faible. Toutefois, ce risque augmente avec l’âge. Pour les femmes de plus de 38 ans, période où beaucoup d’entre elles optent pour un DIU hormonal en raison de sa longue durée d’action, l’augmentation du risque devient plus significative. Mørch recommande d’envisager des alternatives, comme les spirales en cuivre, pour cette tranche d’âge. Contrairement aux DIU hormonaux, les dispositifs en cuivre offrent une méthode contraceptive efficace sans exposition aux hormones, et donc sans risque accru de cancer du sein.

Une surveillance accrue des effets secondaires

L’Agence danoise des médicaments, responsable de la surveillance des effets secondaires des dispositifs médicaux dans le pays, a pris note de cette étude. Dans une déclaration à l’agence de presse Ritzau, l’Agence a confirmé qu’elle examinerait ces résultats en les comparant aux données recueillies lors de sa surveillance continue des femmes danoises utilisant des DIU hormonaux.

L’Agence précise que si cette évaluation suggère la nécessité d’ajuster les informations sur les effets secondaires, elle pourrait émettre un « signal de sécurité ». Ce processus pourrait éventuellement conduire à des modifications des notices d’information fournies aux patientes, pour refléter plus fidèlement les risques potentiels.

Une nouvelle réflexion nécessaire sur la contraception

Cette étude danoise relance le débat sur la sécurité des méthodes contraceptives hormonales, notamment les DIU, et leur impact potentiel sur la santé des femmes. Bien que les DIU hormonaux soient souvent privilégiés pour leur efficacité contraceptive à long terme, il est essentiel que les utilisatrices soient pleinement informées des risques associés. Avec ces nouvelles données, les femmes devront désormais peser plus attentivement les avantages de la contraception hormonale par rapport aux risques potentiels, en tenant compte de leur âge, de leur historique médical et de leurs besoins contraceptifs.

Si d’autres études seront nécessaires pour confirmer ces résultats et affiner les recommandations, cette recherche marque un tournant dans la manière dont la communauté médicale aborde la contraception hormonale. Il est probable que cette étude pousse les professionnels de la santé à réviser leurs pratiques et à encourager une discussion plus ouverte avec leurs patientes sur les risques et les alternatives disponibles.

L’étude danoise met en lumière des questions cruciales sur l’utilisation des DIU hormonaux et leurs effets à long terme sur la santé des femmes. Alors que le risque accru de cancer du sein semble faible pour les jeunes femmes, il devient plus prononcé avec l’âge, incitant à une réévaluation des pratiques actuelles. Pour les femmes et les professionnels de santé, il est désormais plus important que jamais de discuter des options de contraception en tenant compte non seulement de l’efficacité, mais aussi des risques pour la santé.

Amina Azoune

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