Dessalement : une percée technologique promet une eau potable plus propre et moins chère

L’élimination des traitements acides et basiques dans les usines de dessalement pourrait permettre d’économiser des milliards de dollars à l’échelle mondiale. Une avancée publiée début avril dans la revue Nature Water annonce une possible révolution : une technologie à la fois très sélective et économe en énergie permet désormais d’éliminer efficacement le bore de l’eau de mer – une étape cruciale pour rendre cette ressource potable.

Aujourd’hui, les procédés classiques comme l’osmose inverse peinent à filtrer le bore, un élément naturellement présent dans l’eau de mer. À forte concentration, ce métalloïde devient toxique pour les cultures agricoles et potentiellement nocif pour la santé humaine. Sa neutralité chimique et sa petite taille le rendent difficile à capter, obligeant les usines à recourir à des traitements chimiques complexes, coûteux et peu durables.

Pour surmonter ce véritable « talon d’Achille » du dessalement, des chercheurs ont développé une électrode en tissu de carbone recouverte d’un Covalent Organic Framework (COF), un matériau poreux modifié avec des groupes fonctionnels capables de capter le bore avec une grande précision. Résultat : plus de 90 % du bore est éliminé, sans recourir aux ajustements acides ou basiques traditionnels. Le procédé consomme également moins d’énergie, ce qui pourrait considérablement réduire les coûts d’exploitation.

Cette solution innovante permettrait de répondre aux normes de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui fixe la concentration maximale de bore dans l’eau potable à 2,4 mg/L. Elle ouvre surtout la voie à une désalinisation plus respectueuse de l’environnement, plus économique, et plus adaptée aux régions confrontées à une pénurie d’eau douce.

« Cette percée pourrait rendre le dessalement plus durable sur le plan environnemental et plus accessible économiquement », souligne le Pr Meiyin Liu, coauteure de l’étude.

Alors que le changement climatique amplifie la pression sur les ressources hydriques, cette avancée pourrait transformer l’exploitation de l’eau de mer dans de nombreuses régions arides ou insulaires. L’avenir de l’eau potable passera peut-être par des électrodes en tissu de carbone… et par la fin des traitements chimiques lourds.

Axyl Belabbas

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