Les maladies intestinales sont fortement influencées par l’alimentation, mais celle-ci est souvent négligée dans le traitement des MICI.
Un groupe de recherche de la Mayo Clinic de Jacksonville, aux États-Unis, a étudié quel régime pourrait être bénéfique pour les patients atteints de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Les résultats ont été publiés dans la revue *Gastroenterology* sous forme de 12 recommandations.
1. Suivre le régime méditerranéen :
Le régime méditerranéen est considéré comme la « référence en matière de régimes ». Il est recommandé pour améliorer le bien-être général et prévenir la malnutrition chez les patients atteints de MICI. Cependant, aucun régime n’a systématiquement réussi à maintenir une rémission. Éviter la viande rouge pourrait réduire le taux de rechute dans la colite ulcéreuse, mais pas dans la maladie de Crohn.
2. Cuisiner des aliments riches en fibres et bien les mâcher :
Les patients souffrant de sténoses intestinales peuvent mal tolérer les fibres. Mâcher soigneusement les fruits et légumes et cuire les aliments riches en fibres jusqu’à une consistance pâteuse peut aider.
3. Nutrition entérale exclusive pour la maladie de Crohn :
Les patients atteints de la maladie de Crohn active bénéficient d’une nutrition entérale liquide exclusive pour atteindre la rémission. Cela peut servir de thérapie de transition pour économiser les stéroïdes.
4. Régime spécial pour la maladie de Crohn :
Un régime d’exclusion de la maladie de Crohn (CDED), une forme de thérapie nutritionnelle entérale partielle, peut induire une rémission dans la maladie de Crohn légère à modérée.
5. Nutrition entérale contre la malnutrition dans la maladie de Crohn :
Les patients malnutris atteints de la maladie de Crohn subissant une intervention chirurgicale élective peuvent réduire leur risque de complications postopératoires en recevant exclusivement une nutrition entérale avant l’intervention.
6. Nutrition parentérale à court terme pour les MICI :
Les patients avec un abcès intra-abdominal ou une inflammation diffuse peuvent avoir des difficultés à maintenir une nutrition optimale. La nutrition parentérale à court terme assure le repos intestinal, améliore l’état nutritionnel et réduit l’inflammation infectieuse, particulièrement avant une intervention planifiée.
7. Nutrition parentérale pour groupes de patients spéciaux :
La nutrition parentérale est recommandée pour les patients avec fistules intestinales purulentes, iléus à long terme, syndrome de l’intestin court, et MICI accompagnées de malnutrition sévère, lorsque la nutrition orale et entérale n’est pas possible ou est contre-indiquée.
8. Attention à l’hydratation :
La nutrition parentérale à long terme comporte des risques, tels que l’inflammation de l’accès intraveineux, la détérioration du microbiome intestinal, ou des déséquilibres électrolytiques. Pour éviter ces complications, une gestion individuelle de l’hydratation est nécessaire. La prise alimentaire orale doit être encouragée, et un traitement avec des agonistes du peptide de type glucagon (GLP)-2 peut faciliter la transition.
9. Vérification régulière de la malnutrition :
La malnutrition influence négativement l’évolution de la maladie. Les signes incluent une perte de poids involontaire, un œdème, une rétention d’eau et une perte de graisse et de masse musculaire. Une évaluation par un nutritionniste est indiquée si des signes de malnutrition sont présents. Les protéines sériques ne sont plus recommandées pour le diagnostic de malnutrition en raison de leur manque de spécificité.
10. Vérification des carences en vitamine D et en fer :
Les personnes atteintes de MICI devraient faire vérifier régulièrement leur taux de vitamine D et de fer. Une attention particulière doit être portée à la vitamine B12 chez les patients ayant une maladie étendue de l’iléon ou ayant subi une intervention chirurgicale sur l’iléon.
11. Conseils nutritionnels :
« Tous les patients atteints de MICI compliquées doivent être suivis par un nutritionniste professionnel », affirment les auteurs de l’étude. Cela est crucial en cas de malnutrition, de syndrome de l’intestin court, de fistule entérocutanée, et lors de thérapies nutritionnelles complexes. Les patients nouvellement diagnostiqués doivent également recevoir des conseils nutritionnels.
12. Intervention précoce et mesures de prévention :
L’allaitement réduit le risque de développer une MICI pendant l’enfance. Un régime méditerranéen sain et équilibré, riche en fruits et légumes et pauvre en aliments transformés, est aussi corrélé à un risque réduit de développer la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse.