Épilepsie : la pollution de l’air en ligne de mire

Et si l’air que nous respirons jouait un rôle dans le déclenchement de certaines maladies neurologiques ? Une vaste étude canadienne, récemment publiée dans la revue Epilepsia, établit un lien préoccupant entre l’exposition prolongée à la pollution atmosphérique et l’apparition de nouveaux cas d’épilepsie chez l’adulte.

Menée en Ontario, cette recherche s’appuie sur l’analyse de plus de 24 000 diagnostics d’épilepsie posés entre 2010 et 2016, comparés à un groupe témoin de près de 119 000 personnes. L’étude s’est concentrée sur trois polluants majeurs : les particules fines (PM2.5), le dioxyde d’azote (NO₂) et l’ozone (O₃), en évaluant l’exposition des participants durant les trois années précédant leur diagnostic.

Les résultats sont sans appel : une augmentation des niveaux de particules fines est associée à une hausse de 5,5 % du risque de développer une épilepsie. Plus inquiétant encore, une élévation des concentrations d’ozone correspond à une augmentation de 9,6 % de ce même risque. Bien que l’étude relève une corrélation inverse avec le dioxyde d’azote, les auteurs restent prudents, évoquant la possibilité de biais ou de facteurs de confusion non identifiés.

Au-delà des chiffres, cette étude marque un tournant : elle suggère que la pollution de l’air, déjà bien connue pour ses effets sur le cœur et les poumons, pourrait également être un déclencheur de troubles neurologiques. En d’autres termes, les micro-agressions invisibles de l’environnement urbain pourraient pénétrer jusque dans notre cerveau.

Pour les auteurs, ces conclusions appellent non seulement à des recherches plus approfondies sur les mécanismes biologiques en jeu, mais aussi à une prise de conscience politique. Alors que 99 % de la population mondiale respire un air dépassant les limites recommandées par l’Organisation mondiale de la santé, il devient urgent d’intégrer la santé neurologique dans les enjeux de lutte contre la pollution.

Respirer ne devrait pas être un risque. Pourtant, l’air que nous inhalons quotidiennement pourrait bien influer sur le plus intime de notre équilibre : notre activité cérébrale.

Ouiza Lataman

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accept Read More