À l’occasion de la Journée mondiale du psoriasis, le 29 octobre, l’émission « Sahtek Bin Yedik » (صحتك بين يديك) d’Esseha a accueilli le Pr Lynda Taibi, dermatologue au CHU Mustapha, pour éclairer le public sur les différents aspects du psoriasis : ses causes, son impact sur la qualité de vie, ses manifestations cliniques et les options thérapeutiques.
Le psoriasis est bien plus qu’une simple affection cutanée. Le Pr Taibi explique : « C’est une maladie très fréquente, touchant environ 2 % de la population. » Elle précise qu’il s’agit d’une « maladie inflammatoire chronique, marquée par des poussées et des rémissions, et qu’il est crucial pour les patients d’apprendre à vivre avec. »
L’impact du psoriasis sur la qualité de vie des patients est considérable. Le Pr Taibi souligne que « cette affection a un effet significatif sur la qualité de vie », engendrant des difficultés dans la vie sociale, intime et professionnelle en raison de la stigmatisation souvent associée à cette maladie visible. Ce constat met en lumière l’importance d’une prise en charge qui tienne compte des aspects physiques, mais aussi des répercussions psychologiques et émotionnelles de la maladie.
Sur le plan clinique, le psoriasis se manifeste par des plaques rouges recouvertes de squames blanches, dont l’épaisseur peut varier. Le Pr Taibi décrit ces « plaques comme allant de simples taches à des zones étendues, touchant souvent les coudes, les genoux, le bas du dos, le cuir chevelu et les ongles ». Cette diversité clinique souligne la complexité de la maladie, qui ne se limite pas aux symptômes cutanés.
Concernant les facteurs déclencheurs, le Pr Taibi explique que le psoriasis résulte d’une interaction entre des prédispositions génétiques et des facteurs environnementaux, tels que le stress, les saisons (comme l’hiver) ou les infections. « C’est cette combinaison de plusieurs éléments qui entraîne des poussées », précise-t-elle. Bien que le psoriasis puisse se manifester à tout âge, il est souvent diagnostiqué entre 20 et 30 ans.
Le processus de diagnostic est une étape cruciale. Le Pr Taibi indique que « le dermatologue peut demander une biopsie pour un diagnostic anatomo-pathologique » dans certaines situations complexes ou graves, où le psoriasis est étendu ou localisé de manière inhabituelle, ou avant d’initier des traitements biologiques.
Les options thérapeutiques varient selon la gravité de la maladie. Les traitements locaux, comme les dermocorticoïdes et les dérivés de la vitamine D, sont souvent les premiers recours. En cas d’inefficacité, des traitements systémiques peuvent être envisagés, avec un suivi biologique. « Il existe également des options de photothérapie, comme la puvathérapie ou les UVB-thérapies, disponibles dans certains hôpitaux, dont le CHU Mustapha », ajoute-t-elle.
Lors de l’émission, le Pr Taibi a aussi mis l’accent sur l’importance de la relation médecin-patient, insistant sur l’écoute et le respect des besoins du patient pour améliorer sa qualité de vie.
Le soutien psychologique est un autre volet essentiel de la prise en charge. « Une prise en charge psychologique est très bénéfique », explique-t-elle, car elle permet aux patients de mieux affronter les défis émotionnels. Les séances d’éducation thérapeutique organisées par le CHU Mustapha apportent également aux patients des outils pour mieux vivre avec la maladie.
Enfin, le Pr Taibi souligne l’importance des associations de patients, qui offrent un espace d’échange et de soutien. « Ces espaces permettent aux malades de se sentir moins isolés et d’échanger sur leurs expériences », note-t-elle.
En conclusion, la spécialiste rappelle que la prise en charge du psoriasis nécessite une approche globale, reposant sur la sensibilisation, l’éducation thérapeutique, le soutien psychologique et une relation de confiance avec le médecin.
Hassina Amrouni
