Les gens refusent de se faire vacciner : Comment les convaincre du contraire ?

Dans le cadre des efforts consentis par l’Etat Algérien, plusieurs millions de doses de différentes marques de vaccin anti-Covid ont été acquis et une chaine de production de vaccins a été inaugurée à Constantine, pour pouvoir assurer une couverture vaccinale totale de la population. Le ministère de la santé, en étroite collaboration avec d’autres ministères, les partenaires sociaux et les acteurs de la société civile, ont maintes fois relancé tenté de booster la campagne de vaccination à laquelle le département de Benbouzid a mobilisé tous les moyens matériels, logistiques et humains. Toutefois, la dynamique vaccinale peine à prendre son envol.

Plus de 13 millions de doses de vaccins attendent preneurs et la couverture vaccinale tourne autour de 30 %, selon plusieurs sources. Les citoyens hésitent à franchir le seuil des centres de vaccination.

Le phénomène n’est pas typiquement algérien. Dans plusieurs pays, y compris dans les Etats développés où la culture sanitaire est ancrée, les Antivax se comptent par millions. Cette donne a poussé un groupe de chercheurs à creuser la question pour détecter les raisons de cette défaillance et trouver les moyens de contourner l’écume.

Ainsi, une nouvelle étude de Vincent Pons, professeur associé à la Harvard Business School, de Vincenzo Galasso, spécialiste d’économie politique, et de Paola Profeta, professeure en finances publiques, est venue à temps pour permettre de comprendre ce qui peut faire changer d’avis ces personnes encore sceptiques face au vaccin.
Le phénomène, si lon croit les conclusions de cette étude, n’est pas irréversible et le retard vaccinal est rattrapable, pour peu qu’on découvre l’origine de la faille dans la communication.

En effet, les chercheurs ont constaté que ces individus rétifs à l’acte vaccinal peuvent en réalité être facilement convaincus si on leur délivre le bon message. Des analyses distinctes ont identifié d’autres facteurs entrant en jeu, comme le fait de voir des personnes vaccinées vivre leur vie sans problème tout en se portant bien ou d’entendre des médecins exposer des faits scientifiques sur l’efficacité du vaccin.

L’étude distingue plusieurs types de non-vaccinés: ceux qui ne se disent pas contre la vaccination mais préfèrent attendre, ceux qui refusent les rappels de vaccin, ceux qui ne veulent pas faire vacciner leurs enfants alors qu’ils sont éligibles et enfin les antivax purs et durs, qui pensent probablement que la 5G a lobotomisé la moitié de la population.

Les chercheurs ont interrogé plus de 6.000 personnes aux États-Unis, dans l’Union européenne, au Royaume-Uni, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Lors d’un premier contact en décembre 2020, ils ont évalué les intentions des participants avant que la vaccination ne soit largement disponible, et leur ont demandé d’établir sur une échelle de 0 à 10 leur intention de se faire vacciner. Puis, ils ont tenu un suivi lors de l’été 2021 pour voir comment les gens se comportaient réellement.

Chose phénoménale : parmi les individus radicalement opposés à la vaccination, un tiers était finalement vacciné six mois plus tard. Les chercheurs se sont évidemment posés les questions qui coulent de source : Que s’était-il passé? Qu’est-ce qui les a convaincus?
Pour certains, les circonstances ont joué, particulièrement les personnes âgées ou à risque. Il en a été de même pour les personnes qui ne souhaitaient pas contaminer leurs proches. Les personnes qui suivaient l’actualité via les médias et qui accordaient leur confiance aux scientifiques étaient également plus susceptibles d’aller se faire vacciner.

Dans leur quête de pistes positives qui mèneraient les non vaccinés à enjamber le seuil d’un centre vaccinal, les chercheurs ont expérimenté quatre façons de convaincre leur panel en décembre, pour voir quel serait l’effet six mois plus tard. Les arguments étaient :
1. L’autoprotection : en vous faisant vacciner, vous ne risquez pas de contracter des formes graves du virus.
2. La protection des autres : avec le vaccin, vous éviterez de contaminer vos proches.
3. La protection de la santé publique : en contribuant à la fin de la pandémie, vous aiderez à protéger la santé de votre pays.
4. La protection de l’économie : si vous vous faites vacciner, vous contribuerez à un retour de l’activité économique et à réduire le chômage.

Le message d’autoprotection a eu un petit effet positif, mais trop faible pour être considéré comme significatif. En revanche, les trois autres ont eu un impact plus important sur les comportements.

Les chercheurs ont noté quelques variations selon les pays : l’argument de la protection de la santé publique s’est avéré le plus efficace dans l’UE, tandis qu’aux États-Unis et au Royaume-Uni, c’est la protection des autres ou de l’économie qui ont été les plus convaincantes. « Dans l’ensemble, les messages altruistes ont eu le plus grand effet », commentent les auteurs de l’étude.

L’étude en question nous mène à repenser notre communication envers la population. La forte réticence de la population Algérienne à se faire vacciner n’est pas une fatalité. Il faut juste trouver les mots justes, le message déclencheur, la communication impactante pour changer la donne. Pour cela, une étude de cas est plus que recommandée.

Meriem Azoune

Ce site utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que vous êtes d'accord avec cela, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accept Read More