L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a récemment mis à jour sa liste des « pathogènes prioritaires » susceptibles de déclencher la prochaine pandémie mondiale. Désormais, cette liste comprend plus de 30 agents pathogènes, parmi lesquels le virus de la grippe A, le virus de la dengue et le virus de la variole du singe. Cette liste actualisée, publiée la semaine dernière, a pour but d’aider les organisations à concentrer leurs efforts sur le développement de traitements, de vaccins et de diagnostics.
La liste des agents pathogènes prioritaires, dévoilée le 30 juillet, a été établie en fonction de leur potentiel à causer des urgences de santé publique mondiales. Ces pathogènes ont été choisis en raison de leur haute transmissibilité, leur virulence, et la disponibilité limitée de vaccins et de traitements. Les précédentes initiatives de l’OMS en 2017 et 2018 avaient déjà identifié une douzaine d’agents pathogènes prioritaires.
Ana Maria Henao Restrepo, responsable de l’équipe du Plan directeur de recherche et développement de l’OMS pour les épidémies, a déclaré que « le processus de priorisation permet d’identifier les lacunes critiques en matière de connaissances qui doivent être comblées de toute urgence » et de garantir une utilisation efficace des ressources disponibles. Selon elle, il est crucial de revoir régulièrement ces listes pour prendre en compte les changements mondiaux majeurs, tels que le changement climatique, la déforestation, l’urbanisation et les voyages internationaux.
Pour cette mise à jour, plus de 200 scientifiques ont évalué les preuves concernant 1 652 espèces d’agents pathogènes, principalement des virus et quelques bactéries, afin de déterminer lesquels inclure dans la liste. Parmi les agents pathogènes prioritaires figurent les groupes de coronavirus connus sous le nom de Sarbecovirus, qui comprend le SARS-CoV-2, responsable de la pandémie de COVID-19, et le Merbecovirus, associé au syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS). Le virus de la variole du singe a également été ajouté à la liste, après avoir provoqué une épidémie mondiale en 2022 et continuant de se propager dans certaines zones d’Afrique centrale.
De nouveaux ajouts incluent également des virus de la grippe A, tels que le sous-type H5, qui a provoqué une épidémie chez les bovins aux États-Unis. Cinq bactéries responsables de maladies telles que le choléra, la peste, la dysenterie, la diarrhée et la pneumonie figurent également sur la liste. De plus, deux virus de rongeurs, transmissibles à l’homme, ont été ajoutés en raison de la possibilité accrue de transmission interhumaine sporadique, exacerbée par le changement climatique et l’urbanisation croissante.
En plus de cette liste, les chercheurs ont également créé une liste de « pathogènes prototypes », qui pourraient servir de modèles pour les études fondamentales et le développement de thérapies et de vaccins. Malik Peiris, virologue à l’université de Hong Kong, a souligné que le développement de vaccins contre un membre de la famille des Coronaviridae pourrait renforcer la confiance de la communauté scientifique pour répondre à de futures urgences de santé publique.
Toutefois, Naomi Forrester-Soto, virologue à l’Institut Pirbright près de Woking, au Royaume-Uni, a noté que bien que la liste actuelle soit raisonnable compte tenu des connaissances actuelles sur les virus, certains pathogènes pourraient ne jamais provoquer d’épidémie, tandis que d’autres, encore inconnus, pourraient s’avérer dangereux à l’avenir. Elle rappelle que la prévision de l’apparition du prochain agent pathogène reste un défi majeur pour la communauté scientifique.
Tinhinane B