Alors que la Journée mondiale d’action contre la chaleur (Heat Action Day) s’impose comme un appel pressant à la mobilisation, un nouveau rapport d’experts internationaux — signé par World Weather Attribution, Climate Central et le Centre climatique de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge — tire une fois de plus la sonnette d’alarme. Le diagnostic est sans équivoque : le changement climatique intensifie dramatiquement les vagues de chaleur extrême, mettant en péril des milliards de vies et faisant de la santé publique un enjeu climatique majeur.
Entre mai 2024 et mai 2025, près de quatre milliards de personnes — soit la moitié de l’humanité — ont connu au moins trente jours supplémentaires de chaleur extrême. Ces températures, situées dans les 10 % les plus élevées des relevés historiques locaux, sont désormais multipliées par deux, trois, voire cinq dans certaines régions, comparativement à un climat non perturbé par l’activité humaine.
Le rapport identifie 67 événements majeurs de chaleur extrême survenus au cours de l’année écoulée. Tous ont été exacerbés par le réchauffement climatique. L’Asie du Sud et de l’Est, le Sahel, l’Amérique centrale et certaines régions d’Amérique du Sud figurent parmi les plus affectées. Dans ces territoires souvent déjà fragilisés, la chaleur devient un facteur de risque sanitaire massif.
Les conséquences sur la santé sont multiples : augmentation des pathologies cardiovasculaires, épuisement thermique, aggravation des troubles respiratoires, troubles du sommeil, maladies rénales liées à la déshydratation, sans compter l’impact indirect sur la santé mentale. Les services de santé sont débordés, les infrastructures hospitalières mises à rude épreuve, et les personnes vulnérables — nourrissons, personnes âgées, malades chroniques — paient un lourd tribut.
Mais ce rapport n’est pas qu’un constat alarmant. Il appelle à une mobilisation urgente pour protéger la santé des populations face à une menace désormais structurelle. Parmi les solutions : la mise en place de systèmes d’alerte précoce, l’adaptation des infrastructures urbaines (plus de végétation, d’ombre et de points d’eau), le développement de solutions de refroidissement accessibles, et surtout, l’intégration de la gestion de la chaleur dans les politiques de santé publique.
Enfin, il rappelle l’essentiel : sans réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, les vagues de chaleur extrême deviendront la nouvelle norme climatique, avec des conséquences sanitaires toujours plus lourdes et inéquitables. La chaleur n’est plus seulement une question de météo. C’est désormais un enjeu de santé mondiale.
Nouhad Ourebzani