Véritable sommité de la médecine et de la recherche, spécialiste des coronavirus, le Pr Yuen Kwok-yung, vient de tirer la sonnette d’alarme en affirmant qu’« une nouvelle pandémie est inévitable et pourrait causer des dégâts… bien plus graves que la Covid-19 ».
Dans un entretien à l’hôpital Queen Mary de Hong-Kong où il travaille et enseigne, le chercheur hongkongais a affirmé que « le grand public et les dirigeants doivent admettre qu’une nouvelle pandémie surviendra, et probablement plus tôt qu’on le pense », précisant que s’il fait «une prédiction aussi effrayante, c’est parce que, comme on le voit clairement, les changements géopolitiques, économiques et climatiques sont très rapides ». Selon lui, les hommes politiques devraient « revenir à la raison » et penser à mettre un terme aux « menaces existentielles mondiales » car, a-t-il estimé, ils sont plus préoccupés par des questions « d’intérêt national ou régional », or « l’évolution rapide du climat et les maladies infectieuses émergentes devraient être une priorité absolue. C’est quelque chose de si important que nous ne devrions pas l’ignorer », a-t-ajouté.
Pour rappel, le Pr Yuen Kwok-yung est un éminent microbiologique à qui on doit l’identification en 2003 du syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), une maladie infectieuse des poumons causée par un coronavirus. La découverte du Dr Yuen Kwok-yung et de son équipe a été déterminante car elle a permis de diagnostiquer et traiter la maladie apparue dans le sud de la Chine et à Hong Kong avant sa propagation dans le reste du monde.
C’est cette expérience et toutes les décennies passées à travailler sur les coronavirus qui faire avancer la recherche lors de la pandémie de la Covid-19. « Nous avons bénéficié des vingt années d’études qui ont suivi l’épidémie de Sras », a-t-il notamment écrit dans son ouvrage autobiographique « My Life in Medicine : A Hong Kong Journey », indiquant, par ailleurs que « les mesures de prévention ont été efficaces pour gagner du temps en attendant le développement des vaccins, jusqu’à l’intervention d’autres facteurs que l’on n’a pas pu arrêter ou surmonter (la peur, l’ignorance, une mauvaise communication et la désinformation) ».
En tant qu’expert de renommée mondiale, le microbiologiste hongkongais, a beaucoup œuvré durant la pandémie de la Covid-19 à mieux comprendre le fonctionnement du virus. D’ailleurs, il a rédigé plus de 100 études sur le virus, évaluées par des confrères.
En 2023, il a créé l’Alliance pour la recherche sur les pandémies, avec ses homologues de Chine continentale et des Etats-Unis afin de partager des informations et accentuer la recherche sur les menaces à venir. « C’est une mauvaise idée d’arrêter ou d’empêcher ces échanges, car ils protègent tout le monde. Si nous n’en parlons pas […] et qu’une autre pandémie survient, nous devrons à nouveau payer un lourd tribut », a-t-il conclu.
Synthèse Hassina Amrouni