BPCO en Algérie : une urgence de santé publique souvent méconnue

Elle progresse dans l’ombre, étouffant peu à peu ceux qu’elle touche : la BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) concerne aujourd’hui près de 10 % des Algériens. À l’occasion du 27ᵉ Congrès de la Société algérienne de pneumo-phtisiologie (SAPP), le Pr Rachid Abdelaziz, du service de pneumologie du CHU Mustapha, tire la sonnette d’alarme et rappelle l’impératif d’une prise en charge précoce.

La BPCO, une maladie respiratoire chronique, est principalement causée par l’exposition au tabac, mais d’autres facteurs comme l’inhalation de fumées issues de la biomasse peuvent également être en cause, a expliqué le Pr Rachid Abdelaziz lors du symposium Biogenal Pharma sur le traitement anticholinergiques et BPCO. « Cette pathologie apparaît généralement après quarante ans », précise-t-il, soulignant que les premiers symptômes passent souvent inaperçus : « Des difficultés respiratoires à l’effort, comme en montant des escaliers, doivent alerter. »

En Algérie, environ 10 % de la population est concernée, un chiffre comparable aux statistiques mondiales, mais qui reste sous-estimé en raison d’un manque de dépistage. Le Pr Abdelaziz insiste sur la nécessité d’arrêter le tabac dès le diagnostic, première étape incontournable du traitement, qui repose également sur l’utilisation quotidienne et correcte de bronchodilatateurs et de corticoïdes inhalés.

La prévention passe également par la vaccination annuelle contre la grippe et le pneumocoque, deux infections particulièrement dangereuses pour des patients dont le système immunitaire est déjà fragilisé. Pour améliorer leur qualité de vie, les malades doivent éviter les produits à forte odeur et s’engager dans des programmes de réhabilitation respiratoire comprenant des exercices physiques adaptés.

Au-delà de l’atteinte pulmonaire, la BPCO expose les patients à de nombreuses complications : maladies cardiovasculaires, troubles dépressifs et anxieux, affections métaboliques et même certains cancers. « La BPCO est une maladie systémique, ce n’est pas seulement une question de souffle court », conclut le Pr Abdelaziz, appelant à une mobilisation collective pour mieux prévenir, diagnostiquer et traiter cette pathologie silencieuse mais dévastatrice.

Tinhinane B

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