Cancer : une innovation relance l’immunité pour éradiquer les tumeurs les plus résistantes

Le cancer demeure, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la première cause de décès dans le monde, avec près de 10 millions de morts en 2020. Parmi les formes les plus redoutées figurent les cancers du pancréas, du côlon ou de la peau (mélanome), souvent diagnostiqués tardivement et peu sensibles aux traitements actuels. Face à cette impasse thérapeutique, une équipe de chercheurs de l’université Rice, aux États-Unis, vient de publier une percée majeure dans la revue Journal for ImmunoTherapy of Cancer : un dispositif implantable capable de réactiver localement le système immunitaire pour cibler et détruire les tumeurs, tout en limitant les effets secondaires.

L’innovation repose sur de minuscules « usines à cytokines » conçues à partir de cellules encapsulées dans un matériau biocompatible. Celles-ci ont été modifiées génétiquement pour produire de l’interleukine-12 (IL-12), une molécule clé de l’immunité antitumorale. En délivrant l’IL-12 directement au cœur du microenvironnement tumoral, les chercheurs parviennent à éviter les effets délétères d’une stimulation généralisée du système immunitaire. Résultat : une réponse ciblée, intense, et surtout durable.

L’étude montre que cette libération contrôlée d’IL-12 permet d’activer un type particulier de cellules T dites « précurseurs épuisés », que l’on croyait jusqu’ici inefficaces. Réorientées par cette thérapie, ces cellules retrouvent leur capacité à attaquer efficacement les cellules cancéreuses, y compris à distance dans les métastases. Sur des modèles murins de cancer du pancréas, la charge tumorale a été réduite de 80 % en seulement une semaine. Et surtout, aucun effet toxique n’a été observé pendant plus de six mois. Des essais sur des primates non humains ont confirmé la bonne tolérance du traitement.

En plus d’ouvrir une nouvelle voie dans l’immunothérapie des cancers solides, cette approche pourrait corriger l’un des écueils majeurs des traitements actuels : leur manque de spécificité et les effets indésirables associés. En ciblant uniquement les cellules tumorales tout en laissant intactes les cellules saines, ces “usines à cytokines” combinent efficacité et sécurité – un équilibre rarement atteint dans la lutte contre le cancer.

Les chercheurs se préparent désormais à lancer des essais cliniques sur l’humain. Si les résultats se confirment, cette technologie pourrait révolutionner la prise en charge des cancers les plus redoutés et redonner espoir à des millions de patients dans le monde. Une avancée qui, en alliant ingénierie cellulaire et immunologie, illustre la puissance des nouvelles biotechnologies au service de la médecine.

Nouhad Ourebzani

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