Et si ce que nous mangeons pouvait renforcer nos défenses naturelles contre certaines infections graves ? Une récente étude américaine, publiée dans la revue Cell Host & Microbe, met en lumière le rôle déterminant des fibres alimentaires dans la protection contre Clostridioides difficile, une bactérie souvent responsable de diarrhées sévères après la prise d’antibiotiques. Selon les chercheurs, une alimentation riche en fibres favoriserait la production d’une molécule bénéfique, l’acétate, capable de moduler finement la réponse immunitaire au niveau de l’intestin.
Les scientifiques ont observé que les personnes ou les modèles animaux soumis à un régime pauvre en fibres développaient une activité excessive d’une molécule appelée MHC-II sur les cellules épithéliales de l’intestin. Ce déséquilibre entraîne l’accumulation de certaines cellules immunitaires pathogènes (lymphocytes CD4+), connues pour aggraver l’infection. À l’inverse, lorsque l’alimentation est riche en fibres, le microbiote intestinal produit de l’acétate, un acide gras à chaîne courte qui joue un rôle protecteur, notamment en stimulant la production d’interleukine-22, une molécule essentielle à l’équilibre immunitaire. Cette chaîne de réactions permet de limiter l’expression de MHC-II à un niveau sain et de mieux contenir l’infection.
L’étude souligne ainsi qu’au-delà des traitements médicaux classiques, des approches préventives simples comme un régime riche en fibres pourraient jouer un rôle clé dans la lutte contre des infections intestinales parfois mortelles. Elle ouvre également la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques basées sur l’alimentation et le microbiote, un champ de recherche en pleine expansion.
Nouhad Ourebzani