Une simple cure de probiotiques pourrait suffire à atténuer les émotions négatives du quotidien. C’est la conclusion surprenante d’une étude menée par des chercheurs néerlandais et publiée début mai dans la prestigieuse revue Nature Mental Health. Pendant quatre semaines, les participants ayant consommé quotidiennement un mélange spécifique de bactéries bénéfiques ont vu leur humeur s’améliorer de manière notable — mais cette amélioration n’a été perceptible qu’à une condition : qu’elle soit mesurée jour après jour.
Car c’est bien là l’autre leçon essentielle de cette étude : pour capter les effets subtils mais réels des interventions sur la santé mentale, les questionnaires ponctuels ne suffisent plus. Ce sont les auto-évaluations quotidiennes qui ont permis de détecter, dans le groupe prenant des probiotiques, une baisse progressive des émotions négatives — irritabilité, tension, tristesse — comparé au groupe placebo. En revanche, aucun effet n’a été observé sur les émotions positives, qui sont restées stables dans les deux groupes.
Alors que le lien entre intestin et cerveau fait l’objet d’un intérêt croissant dans la recherche biomédicale, cette étude renforce l’idée que le microbiote joue un rôle plus large qu’on ne le pensait, jusque dans nos ressentis les plus intimes. Si les auteurs restent prudents, insistant sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un traitement contre la dépression, ils estiment que les probiotiques pourraient devenir un outil simple et naturel pour prévenir les troubles de l’humeur, notamment en période de stress.
À l’heure où la santé mentale devient une priorité de santé publique mondiale, cette découverte trace une voie prometteuse : celle d’une médecine plus fine, plus préventive, et attentive aux signaux faibles que notre corps et notre esprit envoient au quotidien. Il se pourrait bien que, dans un avenir proche, soigner l’âme passe aussi par le soin du ventre.
Nouhad Ourebzani