Rencontrée en marge de la Journée de formation médicale continue, organisée par le service de médecine du travail du CHU Mustapha, autour des aménagements des postes de travail, le Dr Linda Chibane, chef de service de médecine du travail au sein de la même structure hospitalière a déroulé pour Esseha.dz, le programme de cette journée très riche, destinée aux professionnels de la santé. Outre les intervenants « qui ont expliqué ce qu’est l’aménagement de poste de travail », d’autres « ont défini les droits et obligations des travailleurs et de l’employeur mais aussi expliqué le rôle du médecin du travail ». La formation s’est terminée « avec quelques cas pratiques concernant les statistiques du CHU Mustapha en matière d’aménagements de postes de travail, les extrasystoles et le travail de nuit ainsi que l’épilepsie et le travail », a-t-elle fait savoir.
De son côté, le Pr Amari, du service de médecine du travail du CHU de BEO, s’est attardée, dans son intervention sur le canal d’Esseha.dz, sur le souci que pose l’aménagement des postes de travail. Selon elle « on rencontre beaucoup de maladies chez le corps soignant, en l’occurrence les troubles musculo-squelettiques, la charge mentale, le burn out, les gardes de nuit…». Cependant, a-t-elle ajouté « pour les évictions de ces gardes de nuit, une réglementation et une instruction en vigueur a été posée mais il reste toute la panoplie relative aux troubles musculo-squelettique, chez le personnel qui pose problème, quant à l’aménagement des postes de travail. » Et de préciser que « ces aménagements sont du ressort du médecin du travail. Il travaille en coopération avec les médecins traitants et les médecins spécialistes et un échange doit avoir lieu avant la décision mais cette dernière relative aux aménagements des postes de travail relève des prérogatives du médecin du travail ».
Pour sa part, le Pr Rachid Belhadj, chef de service de médecine légale et également Directeur des activités médicales au CHU Mustapha a mis l’accent sur l’importance du thème de cette journée de formation, notant qu’« il y a eu beaucoup de questions car c’est un sujet très intéressant et il y a beaucoup de maladies vue la charge de travail énorme ». Selon le spécialiste « beaucoup d’études ont confirmé que dans le milieu professionnel de santé, le personnel souffre de diabète, HTA, obésité ». « Il ne faut pas oublier que nous travaillons 24h/24, 7/7. Et du fait que le système de santé ne s’arrête pas, le personnel est soumis à certaines maladies », a-t-il déclaré. Toutefois, a-t-il tenu à relever : « l’administration est aussi tenue de gérer dans le respect de la loi. Il y a aussi la nouvelle constitution qui donne beaucoup de droits aux travailleurs, il y a un projet de révision de la loi 06/03 pour pouvoir mieux gérer le personnel. Et si on arrive à gérer le personnel, on arrivera à gérer le secteur de la santé dans tous ses aspects comme l’amélioration des conditions de travail, l’aménagement des horaires de travail, l’aménagement des postes » et d’ajouter encore que « la nouveauté, c’est que maintenant nous avons beaucoup plus de femmes dans le secteur de la santé. De ce fait, la femme physiologiquement a droit à la grossesse, à l’allaitement, à la dispense,… le législateur algérien lui a donné beaucoup de droits et ce sont ses droits ».
Au cours de son intervention sur Esseha.dz, le Pr Belhadj n’a pas manqué de dénoncer, encore une fois, certaines pratiques qui n’honorent pas la profession et toute profession, à savoir les faux certificats de maladie. « Nous devons lutter contre le problème des faux arrêts de travail, des faux dossiers médicaux. Nous avons demandé au secteur privé de nous aider et de ne pas donner des arrêts de travail de 2 ou 3 mois à tout venant car cela influence négativement sur la gestion d’un service hospitalo-universitaire ».
Enfin, il a confié que des discussions ont été menées autour du « concept de l’expertise en médecine de travail ». L’idéal, a-t-il dit « serait d’avoir un collège d’experts avec des médecins référents ».
Hassina Amrouni