La pollution de l’air : un tueur silencieux exacerbé par le changement climatique, selon l’ONU

La dégradation continue de la qualité de l’air, aggravée par le changement climatique incontrôlé et les incendies de forêt, a des conséquences dramatiques sur la santé humaine, les écosystèmes et l’agriculture. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme dans son dernier rapport, publié jeudi, soulignant qu’en 2021, des millions de décès étaient liés à l’exposition à un air toxique.

Selon Lorenzo Labrador, responsable scientifique à l’OMM, la situation est critique : « Neuf personnes sur dix respirent un air qui dépasse les normes fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Les niveaux élevés de polluants, particulièrement dans les pays à revenu faible et intermédiaire, constituent une menace majeure pour la santé publique. »

Une menace mondiale aux répercussions locales

Le dernier Bulletin de l’OMM sur la qualité de l’air et le climat montre que l’année 2024, déjà marquée par des vagues de chaleur extrême et des sécheresses persistantes, a exacerbé les risques d’incendies de forêt et de pollution atmosphérique. Ces conditions extrêmes deviennent de plus en plus fréquentes en raison du changement climatique, nécessitant une réponse rapide et coordonnée.

L’OMS a réitéré que l’impact de la pollution atmosphérique est indéniable. Outre les 4,5 millions de décès prématurés annuels provoqués par la pollution de l’air extérieur, elle est liée à une multitude de maladies évitables comme les accidents vasculaires cérébraux, les maladies cardiaques, le cancer du poumon et les maladies respiratoires, y compris l’asthme.

« La pollution de l’air ambiant est aujourd’hui responsable de plus de décès que des maladies comme le VIH/sida ou le paludisme », a déclaré M. Labrador. Il a également averti que la pollution de l’air ne se contente pas de nuire à la santé humaine, elle contribue également au réchauffement climatique, créant ainsi un cercle vicieux entre ces deux crises mondiales.

Des variations régionales préoccupantes

Le rapport de l’OMM met en lumière des disparités géographiques dans les niveaux de pollution. Si l’Europe et la Chine ont réussi à réduire certaines émissions polluantes, l’Amérique du Nord et l’Inde enregistrent, quant à elles, une augmentation de la pollution liée aux activités humaines et industrielles. « Ces tendances régionales reflètent les efforts réalisés dans certains pays pour réduire leurs émissions, mais elles montrent aussi que le problème reste mondial », a précisé Lorenzo Labrador.

Impacts sur l’agriculture et la sécurité alimentaire

En plus des effets dévastateurs sur la santé, la pollution atmosphérique a un impact direct sur l’agriculture. Les particules fines, émises notamment par les pratiques agricoles intensives et les feux de forêts, réduisent les rendements de cultures essentielles comme le maïs, le riz et le blé. Cette pollution, combinée aux changements dans les modes de gestion des terres, pourrait menacer la sécurité alimentaire mondiale.

« Les pratiques humaines telles que le labour, l’utilisation excessive d’engrais ou le brûlage des résidus de culture aggravent la situation », a expliqué M. Labrador, appelant à des changements urgents dans les méthodes agricoles pour limiter ces effets destructeurs.

Des incendies dévastateurs

Les incendies de forêt, de plus en plus fréquents et intenses, sont un autre facteur clé de la dégradation de la qualité de l’air. En 2023, le Canada a connu des incendies records, surpassant même la saison de feux dévastateurs en Sibérie en 2021. Ces incendies massifs libèrent d’énormes quantités de polluants atmosphériques, compromettant à la fois la santé publique et l’environnement.

Un appel à l’action

À l’approche de la Journée internationale « Air pur pour un ciel bleu » du 7 septembre, l’OMM a exhorté les gouvernements à agir rapidement pour protéger la santé, l’environnement et l’économie. Les coûts financiers associés à la pollution de l’air sont colossaux, mais c’est avant tout une question de santé publique.

« La première étape pour les villes est de reconnaître le problème », a conclu Lorenzo Labrador. « Il est essentiel d’accepter qu’il s’agit d’une crise mondiale qui touche surtout les zones urbaines, où vivent des millions de personnes exposées à des niveaux dangereux de pollution. »

La pollution de l’air, combinée aux effets du changement climatique et aux pratiques humaines, représente l’un des plus grands défis de notre époque. Si certaines régions montrent des signes encourageants de réduction des émissions, la tendance mondiale reste alarmante. L’appel de l’OMM à une action immédiate et concertée est plus pertinent que jamais : sans mesures ambitieuses, les générations futures hériteront d’un monde où respirer un air pur pourrait devenir un luxe.

Tinhinane B

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