Une étude récente publiée dans JAMA Network Open alerte sur la forte augmentation des cas de cancer à travers le monde et les disparités croissantes entre les pays développés et les pays à revenu faible ou intermédiaire. Selon les prévisions des chercheurs, le nombre de nouveaux cas de cancer pourrait atteindre 35,3 millions d’ici 2050, soit une hausse de 76,6 % par rapport aux 20 millions estimés en 2022. En parallèle, le nombre de décès liés au cancer pourrait atteindre 18,5 millions d’ici 2050, soit une augmentation de près de 90 % par rapport aux prévisions de 2022. Ces chiffres reflètent une crise sanitaire imminente qui menace d’accroître les inégalités de santé dans les régions les plus vulnérables.
D’ici 2050, près des deux tiers des nouveaux cas de cancer pourraient concerner les pays en développement, où les systèmes de santé sont souvent mal équipés pour prendre en charge cette maladie. La progression disproportionnée des cas dans ces régions met en lumière un fossé préoccupant entre les pays riches et les autres. Les changements de mode de vie, notamment la consommation croissante de tabac et d’alcool, les habitudes alimentaires riches en graisses et la sédentarité, sont des facteurs de risque importants qui aggravent la situation dans les pays en développement, augmentant les cas de cancers du poumon, du sein, du côlon et du pancréas. En outre, les taux de vaccination contre des virus oncogènes comme le papillomavirus humain (HPV) et l’hépatite B y sont faibles, contribuant à l’augmentation des cancers du col de l’utérus et du foie.
L’étude souligne que la prévention est essentielle pour réduire l’incidence de cette maladie dans les régions les plus touchées. « Nous devons intensifier les efforts de prévention, particulièrement là où l’accès aux soins de santé est limité », indique un auteur de l’étude, insistant sur l’importance de sensibiliser les populations aux comportements de santé préventifs, tels que l’arrêt du tabac, la vaccination et une alimentation saine.
De plus, les pays à faible revenu souffrent d’un manque de ressources pour le diagnostic et le traitement du cancer. Le déficit en infrastructures, comme les machines de radiothérapie ou les services de chimiothérapie, conduit à des diagnostics souvent tardifs, limitant ainsi les chances de survie des patients. L’accès aux traitements anticancéreux reste lui aussi inégal : alors que les progrès médicaux bénéficient aux pays développés, les traitements coûteux demeurent inaccessibles pour une grande partie de la population des pays en développement.
Face à ces constats, les chercheurs appellent à une mobilisation internationale pour renforcer les efforts de prévention et garantir un meilleur accès aux soins dans les régions les plus vulnérables. Sensibilisation, amélioration des infrastructures de santé et réduction des coûts des traitements anticancéreux sont autant de mesures indispensables pour freiner cette crise mondiale imminente. Une action coordonnée, notamment sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé, pourrait permettre de réduire les disparités croissantes et d’atténuer l’impact de cette épidémie mondiale de cancers.
En conclusion, cette étude met en lumière la nécessité d’une réponse globale face aux disparités de prise en charge du cancer dans le monde. Sans action rapide, la progression de cette maladie pourrait entraîner une crise de santé publique majeure, menaçant la vie de millions de personnes, en particulier dans les pays en développement, où les systèmes de santé sont les plus vulnérables.
Nouhad Ourebzani