Nouvelle lumière sur l’obésité et la résistance à l’insuline : le rôle central du système nerveux sympathique

La faculté de médecine Robert Wood Johnson de Rutgers, en collaboration avec plusieurs autres institutions de recherche, a révélé un lien significatif entre la suralimentation, l’activité du système nerveux sympathique (SNS) et le développement de la résistance à l’insuline, une condition qui peut mener au diabète de type 2. Cette découverte, récemment publiée dans Cell Metabolism, propose une nouvelle explication sur la manière dont l’obésité contribue aux troubles métaboliques, ouvrant la voie à des stratégies préventives inédites.

Une découverte qui pourrait changer la compréhension de l’obésité

Les maladies métaboliques telles que le diabète de type 2 résultent principalement de la résistance à l’insuline, condition où l’organisme devient moins réactif à l’action de cette hormone essentielle à la régulation de la glycémie. Jusqu’à présent, la recherche avait surtout mis l’accent sur les altérations de la signalisation cellulaire de l’insuline. Cependant, les chercheurs de Rutgers ont découvert que la suractivation du SNS, plutôt que des dysfonctionnements de la signalisation cellulaire, pourrait être un facteur clé dans le développement de la résistance à l’insuline.

La suralimentation déclenche rapidement une augmentation de la noradrénaline (NE) dans le sang, témoignant d’une activité SNS accrue. Cette suractivation chronique peut aboutir à une résistance aux catécholamines, des substances qui régulent diverses fonctions corporelles. Ce phénomène mène à des réponses physiologiques réduites malgré des taux élevés de NE, ce qui complique la régulation de la glycémie et des graisses corporelles.

Une méthodologie innovante

Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont utilisé un modèle animal spécifique, des souris génétiquement modifiées appelées THΔper. Ces souris présentent une délétion de la tyrosine hydroxylase dans les tissus périphériques, enzyme clé de la synthèse des catécholamines, sans affecter les niveaux de NE dans le cerveau. Cette approche a permis de dissocier les effets périphériques du SNS de ceux du système nerveux central.

Les souris THΔper et des souris de type sauvage ont été exposées à un régime alimentaire riche en graisses (HFD) sur différentes durées. Alors que les souris de type sauvage ont montré une intolérance au glucose, une augmentation de la masse grasse et une résistance à l’insuline après quelques jours seulement de régime riche en graisses, les souris THΔper sont restées protégées contre ces effets malgré une prise de poids similaire.

Des résultats prometteurs pour la prévention du diabète

Les souris THΔper nourries avec un régime riche en graisses ont démontré une régulation améliorée de la lipolyse, un processus de dégradation des graisses. Elles ont maintenu des niveaux de glucose normaux et ont évité les perturbations métaboliques observées chez les souris de type sauvage, notamment des taux élevés de NE et de catécholamines contre-régulatrices telles que l’épinéphrine et le glucagon.

Le dysfonctionnement du tissu adipeux, souvent caractérisé par une inflammation, une fibrose et un vieillissement prématuré, a été largement atténué chez les souris THΔper. Elles ont conservé des cellules adipeuses de taille normale et une expression accrue des enzymes responsables de la synthèse des graisses.

Un tournant dans la compréhension des troubles métaboliques

Cette étude remet en question l’idée traditionnelle selon laquelle la résistance à l’insuline est principalement due à des altérations de la signalisation de l’insuline. Elle suggère plutôt que la suractivation périphérique du SNS joue un rôle déterminant. Pour Simon John Christoph Soerensen, MD, l’auteur principal, « cette découverte pourrait transformer notre approche de la prévention et du traitement du diabète de type 2 ».

Vers de nouvelles approches thérapeutiques

Les implications de cette recherche sont majeures : elles pointent vers des stratégies qui viseraient à moduler l’activité du SNS pour prévenir ou traiter la résistance à l’insuline et ses complications. Bien que ces résultats soient prometteurs, le chemin est encore long avant que de telles approches ne soient appliquées chez l’homme. Des études supplémentaires seront essentielles pour vérifier la transposition de ces découvertes à la physiologie humaine et explorer de nouvelles options thérapeutiques.

Cette avancée scientifique marque un pas important vers la compréhension des mécanismes sous-jacents de l’obésité et ouvre de nouvelles perspectives pour la lutte contre les maladies métaboliques.

Nouhad Ourebzani

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