Ils avaient entre 10 et 17 ans. Ils auraient dû être dans une cour d’école, un stade, une salle de classe bruyante. À la place, beaucoup ont été enfermés entre quatre murs, coupés de leurs repères, de leurs amis, de leurs rêves. Une étude internationale publiée dans Psychiatry Research révèle une réalité glaçante : les tentatives de suicide chez les enfants et les adolescents ont connu une hausse vertigineuse pendant les années de la pandémie de COVID-19, atteignant leur paroxysme en 2021.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Entre 2020 et 2022, les tentatives de suicide dans cette tranche d’âge ont explosé, avec une vulnérabilité particulièrement marquée chez les adolescentes âgées de 12 à 17 ans. Une hausse brutale, soudaine, qui contraste avec les tendances plus stables observées les années précédentes. Derrière ces données, il y a des vies suspendues, des familles dévastées, des appels au secours restés sans réponse.
L’étude n’avance pas une seule cause, mais une conjonction de facteurs destructeurs. L’isolement imposé par les confinements a privé les jeunes de toute sociabilité, de ces liens essentiels qui, souvent, constituent leur seul équilibre. La pression scolaire, les tensions familiales exacerbées par les incertitudes économiques, et l’accès restreint aux soins psychologiques ont fini par former un cocktail explosif.
Ce n’est pas seulement une alerte. C’est un signal rouge. Les chercheurs, unanimes, appellent à des politiques publiques ambitieuses pour reconstruire ce qui peut encore l’être : des services de santé mentale accessibles, des campagnes de sensibilisation ciblées, un encadrement scolaire et familial renforcé. Ce que révèle cette étude, au fond, c’est l’urgence de ne plus considérer la souffrance psychique des jeunes comme un simple dommage collatéral de la crise sanitaire.
Le silence des adolescents ne doit plus être un angle mort des politiques de santé. À défaut d’avoir été entendus, ils ont crié autrement — et c’est aujourd’hui la société entière qui doit répondre.
Nouhad Ourebzani
