Journée de formation sur la santé scolaire: Former pour mieux dépister

En marge de la Journée nationale de formation dédiée aux médecins de la santé scolaire, organisée lundi 5 mai 2025 à Alger, plusieurs spécialistes de la santé ont partagé avec Esseha leurs impressions sur les enjeux majeurs de cette initiative, axée sur le dépistage précoce des pathologies en milieu scolaire.
Pour le Dr Fatima Bousmaha, sous-directrice des actions sanitaires spécifiques au ministère de la Santé, cette formation s’inscrit dans une dynamique entamée il y a plusieurs semaines : « Cette journée est le prolongement de plusieurs sessions lancées depuis le 9 avril. Elle vise à transmettre aux médecins généralistes de santé scolaire des connaissances pratiques et théoriques partagées par des spécialistes du Comité national de santé scolaire ». Elle insiste sur l’importance d’un tel dispositif, soulignant que « 12 millions d’enfants sont scolarisés en Algérie, soit près d’un tiers de la population. Si nous réussissons à les dépister cela représente un pilier fondamental pour la prévention ». Le carnet de santé est mis en avant comme un outil de suivi indispensable dès le plus jeune âge. Elle rappelle que « les maladies non transmissibles comme le diabète, l’HTA ou l’obésité, responsables de 74% des décès selon l’OMS, doivent être combattus dès l’enfance par des actions de prévention, de dépistage et d’éducation à une hygiène de vie saine ».
Le Dr Fadila Bouferoua, pédiatre au CHU de Beni Messous et présidente du Comité national de santé scolaire, considère cette initiative comme une priorité stratégique : « La santé scolaire est le pilier du dépistage et de la prévention. L’Algérie est pionnière dans ce domaine », note-t-elle. Selon elle, la mise à niveau des médecins est essentielle. « Il y a quelques années, on parlait de pédiatrie générale, aujourd’hui, on assiste à l’éclatement de cette pédiatrie en sous-spécialités, ce qui nous a fait prendre conscience que nous sommes passés à côté de beaucoup de choses notamment concernant bon nombre de pathologies qu’on ne maîtrisait pas car la pédiatrie générale est très vaste », fait-elle savoir. Elle insiste sur le rôle du médecin scolaire comme « un filtre essentiel, car même si un problème est passé inaperçu avant l’âge de 5 ans, au niveau des PMI, il peut être détecté dès l’entrée à l’école ».
Pour le Dr Faïza Ouahioune, directrice médicale chez Efficiacare/ Biocare Groupe, la contribution du secteur privé à la formation continue est cruciale : « Le Groupe Biocare a signé une convention avec le ministère de la Santé pour former les médecins de l’hygiène scolaire. Nous participons aujourd’hui à une session qui réunit une centaine de médecins, en présentiel et à distance, autour de la thématique du dépistage ».
Egalement interrogé par Esseha, en marge de cette journée de formation, le Pr Nadji Boughaba, chef de service de chirurgie pédiatrique à l’hôpital de Bab El Oued, explique que son intervention lors de cette session concerne « les anomalies des organes génitaux externes chez les enfants scolarisés, de la plus simple à la plus complexe. Certaines malformations, comme l’hypospadias ou les ambiguïtés sexuelles, passent inaperçues à la naissance. Le médecin scolaire doit être formé pour les détecter et orienter les enfants vers une prise en charge spécialisée ».
Enfin, le Pr Fettouma Mazari, ophtalmologue au CHU Mustapha, attire l’attention sur l’explosion des troubles visuels chez les enfants : « Aujourd’hui, nous détectons de plus en plus d’amblyopies et de vices de la réfraction, aggravé par l’usage immodéré des écrans. Ces problèmes peuvent être repérés dès la maternelle ». Elle alerte aussi sur les pathologies congénitales discrètes comme la cataracte, difficile à détecter sans un examen médical approfondi. Pour elle, « le rôle du médecin scolaire est crucial pour repérer les signes précoces et enclencher un parcours de soins adapté ».
Hassina Amrouni

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